Résumé :
|
Un tableau de Tumer pourrait être l'indicatif de ces pages qui se préoccupent des " pauvres " du langage, de ces figures du quasi-néant linguistique, écrasés qu'ils sont tantôt par la signifiance du verbe tantôt par le poids du substantif. Parmi ces figurants, on a choisi ceux qui sont à la limite du sémantique. " Rien, quelque chose, peut-être, il y a, c'est ainsi ". Toutes formes de l'impersonnel qui " manquent d'être " et qui manquent " à être ". Par un curieux renversement, ils trahissent une certaine affinité avec les maîtres-mots du langage philosophique : Principe, fondement, Dieu. Aptes eux aussi à prendre tous les visages, ils posent le problème fascinant du rapport entre ce qu'on appelait jadis " Néant par défaut ", " Néant par excès ". En courant ce beau risque, l'auteur s'est souvenu d'un " paradoxe " de Diderot : " Le comédien est rien et tout. Et c'est parce qu'il n'est rien qu'il est tout par excellence ". Paradoxe qui commente peut-être la ruse du nom ulysséen " Je m'appelle personne ".
|