Résumé :
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Le simple rapprochement des deux mots «théâtre» et «nouveau» dénonce un propos d'une ambition bien téméraire, car il laisse entendre qu'il existe de nos jours un théâtre à la fois en rupture avec tout ce qui a précédé et en progrès sur ce passé. Or, comment soutenir pareille affirmation quand chacun sait que le grande époque de rénovation et de recherche théâtrales en France, comme en Allemagne et en Russie, s'est développée pendant les 50 années antérieures à la guerre de 1940 (1)? Comment aussi prétendre ramener à un tout cohérent, à une synthèse claire ce qui est mouvant, disparate et même contradictoire? Comment, par exemple, rassembler sous une même bannière des ennemis aussi irréconciliables que Ionesco et Brecht? Il y a une évidente ambiguÏté dans cette affirmation de nouveauté. Elle revient à adopter le point de vue de Sirius et à préjuger de l'avenir, ce qui ne va pas sans beaucoup d'inconscience. Car le temps seul permet de faire le départ entre le procédé qui «fait» neuf et la véritable rénovation. Paradoxalement, la nouveauté c'est ce qui dure; non pas ce qui est sans passé, mais ce qui est lourd d'avenir… [Que Sais-Je? Le Point des Connaissances Actuelles, Nº 1072]
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